Le 14 août 2021, un séisme d’une magnitude de 7.2 sur l’échelle de Richter a frappé le sud d’Haïti, causant la mort de 2248 personnes et en blessant 12763 selon le bilan de la Protection Civile haïtienne. Le nombre d’habitations détruites par le tremblement de terre est estimé à 54 000 et celles endommagées à 83 000 selon Handicap International.
A ce terrible bilan s’ajoute un nombre important de personnes disparues ainsi que des dégâts matériels considérables sur les infrastructures. Ce n’est pas la première fois que l’île est frappée par une catastrophe de ce type. Elle avait déjà payé un lourd tribut lors du séisme qui avait touché la capitale, Port au Prince, en 2010. Puis, en 2016, l’ouragan Matthew s’était abattu sur ces régions du sud qui viennent de subir le séisme. « À peine voit-on le bout du tunnel, qu’un autre s’ouvre devant nous » résume Ewains Weche, auteur haïtien.
Cette nouvelle catastrophe naturelle survient à un moment critique de l’histoire politique d’Haïti. Jovenel Moïse, le Président de la République, a été assassiné dans des circonstance pour le moins troubles au mois de juillet dernier. Sa disparition a fini de plonger le pays dans une crise politique, sociale et par ricochet économique. L’État sans leader, tâtonne, piétine, s’enlise alors que ses services sont largement déficitaires dans de nombreux départements de l’île et que la guerre des gangs fait rage, amplifiant considérablement les difficultés logistiques.
Mi-septembre, un mois après le séisme, la ville des Cayes a repris vie entre les gravats. Mais les plaies sont omniprésentes : tentes dressées sur les chaussées à la place des maisons détruites, camps de fortune sur le bord des voies, amas de décombres et ouvriers qui déblaient comme ils peuvent. Le même spectacle est visible dans les rues de Jeremie, de Pestel et des autres agglomérations du sud. Ici et là, des camps informels émergent, oubliés de l’aide humanitaire internationale.
La sécurité alimentaire est aujourd’hui au cœur des préoccupations en Haïti alors que OCHA, le Bureau de la coordination des Affaire Humanitaires de l'ONU, estime qu’environ 980 000 personnes dans le Grand-Sud (départements des Nippes et de Grand’Anse) connaîtront des niveaux aigus d’insécurité alimentaire d’ici février 2022 et que 320 000 personnes ont un besoin urgent en nutrition. Cependant, la vie continue dans les départements touchés, se restructure, s’adapte. On retourne voir des concerts, on écrit, on tente d’oublier et de vivre à nouveau.